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HISTOIRE, PATRIMOINE ET IMAGES

Carnet de recherche de Sophie Chmura, historienne


Stendhal, touriste à Rennes en 1837

Au tournant du 18e siècle, les modes de voyage et les types de voyageurs se diversifient, les guides se spécialisent et s’adaptent à ces conditions nouvelles, tout en faisant la part belle, à une pratique du déplacement jusqu’alors peu fréquente : le voyage d’agrément. En 1803, l’écrivain italien Giovanni Ferry de Saint-Constant (1755-1830), introduit pour la première fois le mot « touriste » dans le deuxième tome de son ouvrage Londres et les anglais[1]. Le terme avait fait son apparition sémantique Outre-Manche dans les années 1780 et s’orthographiait alors Tour-ist comme le confirme le New English Dictionnary on Historical Principles. Dans la littérature du tout début du 19e siècle, le terme va être utilisé pour désigner exclusivement « un voyageur anglais » avant d’être popularisé, hors particularisme britannique, par Stendhal en 1838, quand il publie Mémoires d’un touriste[2].

Contexte de création des Mémoires d’un touriste

Dès 1800, Henri Beyle (1783-1842), connu sous le nom de plume de Stendhal, travaille pour le ministère de la Guerre en Italie. En 1836, il obtint un congé. Au cours de celui-ci, son protecteur, le comte Mathieu Molé (1781-1855), devient ministre des Affaires étrangères et président du Conseil. Stendhal en profite pour prolonger son congé à Paris, et ce, pendant les trois années des deux ministères successifs de Molé. Il est ami avec Prosper Mérimée (1803-1870), inspecteur général des monuments historiques depuis 1831. Mérimée emmène Stendhal dans quelques-unes de ses tournées, lui fait découvrir les provinces françaises et lui donne, à l’occasion, des leçons d’archéologie. Ces excursions incitent Stendhal à mettre hâtivement sur pied une description des lieux qu’il a entrevus. En 1837, il vend à l’éditeur Ambroise Dupont (1793-1840) cet ouvrage à peine commencé. La librairie Ambroise Dupont met en vente Mémoires d’un touriste sous la forme de deux volumes le 30 juin 1838. Stendhal doit alors encore faire sa réputation d’homme de lettres, ses écrits précédents, comme Le Rouge et le Noir paru en 1830, n’ayant eu que peu de retentissement. Pour autant, les Mémoires ont du succès et sont bien accueillis par la presse : l’édition est épuisée en septembre 1840.

Les Mémoires d’un touriste peuvent être considérés comme un travail de librairie, entrepris pour gagner un peu d’argent à une époque où les relations de voyage sont en vogue. Grâce à l’amélioration des moyens de transports et à la concurrence des compagnies de messageries, il était plus facile de voyager dans les provinces françaises. Historiens, dessinateurs et écrivains étaient alors épris d’enthousiasme pour les vestiges d’architecture ancienne. Les libraires exploitaient ce goût nouveau comme le prouve le nombre d’ouvrages publiés ayant pour thème la France pittoresque ou offrant des itinéraires descriptifs. La plus célèbre publication contemporaine des Mémoires de Stendhal est l’œuvre de Charles Nodier (1780-1844), Justin Taylor (1789-1879) et Alphonse de Cailleux (1788-1876). Elle porte pour titre les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France. Commencée en 1830, elle comprend en 1837 déjà neuf volumes (elle s’est poursuivie jusqu’en 1846).

Les Mémoires d’un touriste se présentent comme un journal de voyage en France, dont le narrateur – qui ne donne pas son nom – prétend n’avoir édité qu’une petite moitié[3]. Jusqu’à ses seize ans, il a fait des études, puis a intégré un bureau des douanes. C’est un homme libéral, qui a été contraint de partir à la Martinique après avoir chanté une chanson de Béranger. Là-bas, il aurait vécu une vie plaisante jusqu’à ce qu’une inflammation du cerveau le contraigne à rentrer en France. Il se marie alors à la fille d’un riche marchand de fer dont il devient l’associé. Au décès de son épouse, il reste pendant douze ans à travailler dans le commerce de son beau-père et fait fortune. En 1837, année où se passe le voyage, il compte dès que possible « retourner à la Martinique, non plus pour y gagner [sa] vie, mais pour en jouir »[4]. À plusieurs reprises, le narrateur parle de cette situation originale de personne « voyageant pour son plaisir plus que pour ses affaires »[5]. C’est même ce qui justifie le titre de l’ouvrage, l’anglicisme de touriste désignant précisément ici le voyageur qui ne recherche dans son voyage que sa propre jouissance. Les études sur les Mémoires d’un touriste insistent presque toutes sur cette spécificité qui a fait reconnaître Stendhal comme le premier « touriste » de la littérature française.

Il est indéniable que le texte de Stendhal doit beaucoup à l’Essai sur l’architecture religieuse au moyen âge (1837), aux Notes d’un voyage dans l’Ouest de la France (1835) et dans le Midi de la France (1836) de Mérimée. Stendhal, reconnu comme « un audacieux plagiaire », a beaucoup puisé dans des extraits d’ouvrages et de coupures de journaux, voire dans les souvenirs personnels de ses amis. À cela, Stendhal ajoute ses propres dissertations philosophiques, souvenirs historiques, vues politiques et sociales, aperçus littéraires, anecdotes grivoises et digressions de toutes sortes. L’irrégularité de l’ouvrage est souligné par le critique littéraire Paul-Émile Durand-Forgues (1813-1883), dans le journal Le Commerce du 8 juillet 1838 :

« Un autre défaut, inhérent à cette sorte de voyages sans façon : c’est le désordre des documens [sic] qu’ils fournissent. Chez M. de Stendhal ce désordre est poussé si loin qu’il semble avoir quelque chose de systématique […] L’analyse d’un musée suit une conversation sur les races d’hommes ; immédiatement après vient un morceau d’histoire contemporaine, dans lequel s’enchâsse une anecdote scandaleuse qui donne lieu à une dissertation sur les femmes en général, et se termine par une discussion archéologique ; de telle sorte qu’après quelques pages, bien que chaque chose à part soit en elle-même nette et claire, neuve assez souvent ou par le fond ou par la forme, assaisonnée de réflexions piquantes et concises, leur ensemble confus fatigue l’esprit et le plonge dans un état de torpeur assez semblable aux somnolences fiévreuses que procure la diète. Pour ma part, j’aime cette sorte de livres, il me faut l’avouer : plus régulier, plus didactique. M. de Stendhal me plairait beaucoup moins. Mais je ne me dissimule pas, et je dois dire que, bons pour amuser la paresse et remplir d’images indécises le vide d’une rêverie indolente–, les Mémoires d’un Touriste n’ont guère d’autre mérite. Considérés comme voyage en France, les Mémoires d’un Touriste ne valent pas le plus simple Guide. D’autre part l’esprit positif de M. de Stendhal et la sécheresse de son organisation ne lui ont pas permis de faire, à propos de sa tournée commerciale, une œuvre d’imagination pure. Son livre n’est donc (et il faut le prendre ainsi) qu’un assemblage décousu de causeries rédigé par un homme fort spirituel, fort instruit, le sachant trop, et partant quelque peu dédaigneux de son auditoire ».

Stendhal dans les pas de Mérimée

C’est en juin 1837 que Stendhal commence véritablement à se préoccuper de la réalisation des Mémoires d’un touriste. Dans une lettre adressée à son ami le baron Adolphe de Mareste (1784-1867), il parle de son article sur Lyon et il lui réclame « trois ou quatre anecdotes d’amour d’une page ». Le 11 juillet, il déclare au peintre Jean-Antoine Constantin (1756-1844) qu’il a été absent durant six semaines. En effet, dans les marges de son manuscrit du Rose et Vert, conservé à la bibliothèque de Grenoble, nous apprenons que le 2 juin, il était à Nantes et le 5 juin, il en visitait le château. Le 12 août, Stendhal quitte Paris pour n’y revenir que le 27 septembre. Dans une lettre du 28 septembre, il annonce d’ailleurs à l’un de ses correspondants son retour de Bretagne. Durant tout l’hiver 1837-1838, Stendhal ne quitte pas Paris où il s’occupe activement de la rédaction des deux volumes qu’il doit donner à son éditeur. Cette chronologie reconstituée prouve que les dates données dans les Mémoires d’un touriste ne sont pas exactes. C’est par Bourges que débute le récit. Dès cette ville, les détails personnels abondent ; le ton général du texte donne l’impression du vécu. De Bourges, l’itinéraire passe par Tours, Nantes, Vannes, Auray, Lorient, Rennes, Saint-Malo, Granville, Le Havre, Rouen et Paris. Le narrateur affirme être à Rennes un jour non précis de juillet. Les premières lignes consacrées à la capitale bretonne montrent la grande influence des Notes d’un voyage dans l’Ouest de la France de Mérimée dans la construction du texte. La plupart des commentaires émis par l’inspecteur des monuments historiques sont reprises par Stendhal.

Plan en noir et blanc de Rennes, 1840 – Archives de Rennes 1Fi69.

STENDHAL « … mon métier me fait un devoir d’aller ouvrir les lettres qui m’attendent à la poste de Rennes.

À mesure qu’on approche de cette capitale de la Bretagne, la fertilité du pays augmente. Et toutefois souvent la route est établie sur le roc de granit noir, à peine recouvert d’un pouce de terre.

Comme je savais que Rennes avait été entièrement détruite par l’incendie de 1720, je m’attendais à n’y rien trouver d’intéressant sous le rapport de l’architecture. J’ai été agréablement surpris. […] Il faut avouer que la couleur gris-noirâtre des petits-morceaux de granit carrés avec lesquels les maisons de Rennes sont bâties n’est pas d’un bel effet.»

MÉRIMÉE « En 1720 Rennes a été détruite en grande partie par un incendie, d’où est résultée la reconstruction presque totale de la ville, et aujourd’hui il n’y a guère de bâtiment considérable qui ne soit postérieur à cette catastrophe. La manière, le mauvais goût du dix-huitième siècle déparent presque tous les édifices publics, qui d’ailleurs, construits en granit, offrent une teinte grise, uniforme, à laquelle mes yeux ont de la peine à s’habituer. Il faut cependant reconnaître dans quelques-uns un caractère de grandeur. »

STENDHAL « On a commencé depuis nombre d’années une cathédrale, où les colonnes sont, ce me semble, en aussi grand nombre qu’à Sainte-Marie-Majeure, ou à Saint-Paul hors des murs (Rome). Mais, grand Dieu ! quel contraste ! Rien de plus sot que cette assemblée de colonnes convoquée par le génie architectural du siècle de Louis XV. 

L’aspect du palais, remarquable par son immense toit d’ardoises, n’est que triste ; il n’est pas imposant ; mais l’intérieur est décoré avec beaucoup de richesse. Ces vastes salles disent bien : Nous appartenons à… ont bien l’air d’appartenir à un palais ; il y a certainement abus de dorures, les formes des ornements sont tourmentées »

MÉRIMÉE « L’intérieur de la cathédrale moderne, par exemple, mérite des éloges. Je citerai ensuite le palais de justice, l’ancien palais du parlement de Bretagne, décoré avec beaucoup de richesse. Sans doute, dans ces vastes salles, on peut critiquer les formes tourmentées, l’ornementation lourde, l’abus des dorures ; mais il faut convenir que l’effet général est satisfaisant. En y entrant on se sent dans un palais, et c’est un mérite assez rare, ce me semble, que d’approprier un édifice à sa destination. »

STENDHAL « Une porte de la ville est en ogive, et l’une des pierres que l’on a employées pour la construire présente une inscription romaine. »

MÉRIMÉE « Quelques pans de murailles très anciennes’ tombant en ruines, une porte de ville en ogive, sans ornemens [sic], construite en partie de matériaux antiques, comme le prouve une des pierres portant une inscription romaine, une portion du château qui sert de prison, enfin quelques parties d’églises, voilà, je crois, tout ce que l’on peut découvrir à Rennes, qui soit antérieur au quinzième siècle. »

STENDHAL « À Sainte-Melaine, l’ancienne cathédrale, on voit des colonnes engagées, probablement du douzième siècle ; leurs chapiteaux, ont été masqués avec du plâtre, pour ménager, dit-ou, la pudeur des fidèles.

Saint-Yves, l’église de l’hôpital, de la fin du quinzième siècle, présente à l’extérieur quelques ornements gothiques. Parmi les caricatures sculptées à l’intérieur, on remarque un marmouset tournant le dos, pour ne pas dire plus, au grand autel. Quel chemin les convenances n’ont-elles pas fait depuis ce temps-là ! »

MÉRIMÉE « A Sainte-Melaine, l’ancienne cathédrale, on voit un porche orné de colonnes engagées qui m’ont paru du douzième siècle. Leurs chapiteaux ont été couverts de plâtre, pour ménager, m’a-t-on dit, la pudeur des fidèles. Ce porche offre, je crois, le seul exemple du style roman que l’on puisse trouver à Rennes. Quant au reste de l’église, c’est une restauration du seizième et surtout du dix-septième siècle, absolument sans intérêt. Pour terminer la liste des églises de Rennes qui ont conservé quelques souvenirs de l’architecture du moyen-âge, je citerai Saint-Yves, aujourd’hui l’église de l’hôpital, de la fin du quinzième ou des premières années du seizième siècle. A l’extérieur on remarque d’assez jolis clochetons et des dais, qu’on ne pourrait cependant comparer pour le goût et la finesse de l’exécution avec les mêmes détails du même temps, tels qu’on les voit en Normandie ou dans le centre de la France. La nef de Saint-Yves n’a qu’un plafond de bois, reposant sur deux longues poutres assez grossièrement sculptées. Parmi des monstres, des caricatures, cent fantaisies bizarres, on distingue un marmouset tournant le dos, pour ne pas dire plus, à l’autel. Quelles gens étaient donc les sculpteurs pour qu’on leur permit de semblables impertinences ?

1 Romaines, peut-être, en partie. On y observe beaucoup de tuiles antiques. »

Stendhal à travers son texte contribue comme Mérimée à « baliser l’itinéraire national à l’aide des monuments les plus typiques ».[6] Leurs pages sur Rennes ne sont pas sans conséquence dans la représentation donnée de Rennes durant tout le 19e siècle. Leur description de la couleur des matériaux de construction se retrouve dans les lignes des guides Joanne, le Guide-Diamant de 1892 rappelle encore que « Rennes a conservé l’aspect sévère et froid de l’ancienne cité parlementaire. La Ville-Haute, en effet, est en grande partie moderne ; elle a été reconstruite après le grand incendie de 1720. Si les maisons furent rebâties dans un style uniforme avec un granit gris ou même noirâtre qui assombrit la ville, les places du Palais, de l’Hôtel-de-Ville et les rues avoisinantes sont dignes d’une grande cité »[7] .

Rennes en 1837

Si Louis Crozet (1784-1858), ami proche et héritier des manuscrits de Stendhal a affirmé que « Le Touriste a été fait à la hâte, non de visu, bien que l’auteur ait fait, en ce temps-là, quelques voyages, mais sur des rapports vagues, et le plus souvent pour soutenir des thèses faites à l’avance »[8], certains éléments du texte permettent de croire que Stendhal a bien visité Rennes durant l’été 1837. Quelques commentaires auraient pu être des réminiscences des descriptions de Rennes que lui avait envoyé entre 1802 et 1804 son ami Édouard Claude Philippe Mounier (1784-1843), fils du préfet d’Ille-et-Vilaine[9], mais Mounier avait quitté Rennes en 1806. Le narrateur remarque le nouveau théâtre inauguré le 29 février 1836 en face de l’hôtel-de-ville et explique que « Les citoyens de Rennes viennent de se bâtir une salle de spectacle, et, ce qui est bien plus étonnant, une sorte de promenade à couvert (première nécessité dans toute ville qui prétend à un peu de conversation) ».

Rennes élévation perspective et plan du théâtre, Landais & Marteville (Lithographes), fin des années 1830 – Collections du musée de Bretagne, numéro d’inventaire : 2016.0000.2899, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo153047

Quand il évoque la construction d’un pont sur la Vilaine et qu’il lui semble « qu’il est tombé depuis », Stendhal fait référence au pont de Berlin (actuel pont Jean Jaurès). En mai 1837, alors que ce pont monumental imaginé par l’architecte Charles Millardet (1800-1847) n’était pas encore terminé, des pièces de charpente du cintre de sa voûte sont entrainées dans la Vilaine pendant une inondation[10]. En août de la même année, lors de la pose des trottoirs, il est constaté que le pont s’est tassé de six centimètres[11]. Quelques jours après, le 5 septembre, pendant la nuit, il s’écroule complètement[12]. Pendant l’hiver 1837, Stendhal avait peut-être eu connaissance d’un article paru dans le journal littéraire local Le Foyer qui parle avec ironie des travaux d’embellissement et « des projets qui tombent dans l’eau » de la municipalité rennaise, tout en faisant le jeu de mot « qu’il n’y a pas de pont qui tienne ». Cet article est particulièrement intéressant car son sujet principal concerne le musée de tableaux que le narrateur de Stendhal dit avoir visité.

Rennes pont de Berlin, Lorette Hyacinthe (1794 – 1872) (Dessinateur), Landais Joseph (Lithographe), lithographie tirée de l’ouvrage LORETTE (Hyacinthe) et DU CREST DE VILLENEUVE (Émile-René), Album breton – 1ere série – souvenirs de Rennes, Rennes, Ambroise Jausion, 1841, 40 p. — Collections du musée de Bretagne, Numéro d’inventaire : 2016.0000.3067, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo187610

STENDHAL « Je me suis hâté de courir au Musée, avant que le jour me quittât ; les tableaux sont placés dans une grande salle, au rez-de-chaussée ; une grosse église voisine la prive tout à fait du soleil, aussi elle est fort humide, et les tableaux y dépérissent-ils rapidement. J’y ai vu un Guerchin presque tout à fait dévoré par l’humidité. Dans deux ou trois petites salles voisines, où les tableaux et les gravures sont entassés, faute d’espace, on a le plaisir d’aller comme à la découverte. J’y ai trouvé une jolie collection des maîtresses de Louis XIV ; elles ont des yeux singuliers et bien dignes d’être aimés ; mais, par l’effet de l’humidité, une joue de madame de Maintenon venait de se détacher de la toile. Je reste dans ces chambres jusqu’à ce que la nuit m’en chasse tout à fait. Le concierge, homme fort intelligent, a été amené en Bretagne par la prise de Mayence. Une fois, à Bologne, en remuant des tableaux entassés comme ceux-ci, je découvris un joli petit portrait de Diane de Poitiers qui, présumant bien, à ce qu’il parait, de ses appas [sic] secrets, s’était fait peindre dans le costume d’Ève avant son péché. »

Détail des Tablettes de Rennes et du département d’Ille-et-Vilaine pour l’année 1836, Rennes de l’Imprimerie de J.M. Vatar, 1835, p. 127.

Le Foyer, 3 décembre 1837

« Un article des Beaux-arts ! Pas possible ?

Mais j’vous dis,… j’vous dis…

C’est prodigieux ! C’est incroyable ! C’est absurde ! mais c’est égal ! Ecoutez-moi.

Après bien des recherches, après avoir usé long-temps [sic] le pavé avec mes bottes, frappant, pataugeant, barbottant dans la boue, avec une idée dans ma tête, comme un facteur de la poste aux lettres, je me suis trouvé, l’autre jour, dans une petite cour fermée par une grille de bois.

-Je vous donnerais en vingt à deviner la trouvaille que j’y ai faite ! Croiriez-vous que, près de l’église de Toussaint, j’ai découvert un Musée ? Mais quel bazar !… Un pauvre Musée tout honteux, tout noir, oublié, désert, et morne comme un tombeau. C’était là précisément ce que je cherchais depuis si long-temps [sic]. Oh ! que de fois je m’étais dit, en allant à la découverte : « Cherche, mon garçon ; cherche, patauge, barbotte : tu finiras par trouver ton Musée,… s’il en existe un toutefois… Que dis-je ? Fichtre ! il serait par trop ennuyeux qu’une ville éclairée et pavée comme Rennes, qu’une ville à spectacle, à école et à garnison, ne fût pas une ville à musée ! »

-C’était près le pré, dit Botté je ne sais pas pourquoi.

Je n’étais pas plutôt arrivé dans la petite cour fermée par une grille de bois, qu’une porte flanquée de deux bas-reliefs en bronze me sauta aux yeux. Alors je me dis tout naturellement : « Ceci pourrait bien être la Halle aux toiles. »

-Monsieur désire voir le Musée, fit une voix.

C’était M. le concierge Cardinal du riche lieu.

-Le Musée ! m’écriai-je ; enfin m’y voilà ! Le Musée ! Vite, ouvrez-moi la porte ! Ce n’était pas la halle :… cela m’étonna ; car, du seuil, j’aperçus tout d’abord une grande quantité de toiles… d’araignées, sans compter les autres. D’un autre côté, j’avisai plusieurs grands fantômes en plâtre, ce qui m’effraya légèrement ; mais pourtant j’entrai en brave.

Et je restai en extase devant l’admirable pêle-mêle et le sublime gâchis des chefs-d’œuvre de l’établissement. Je vis avec admiration que toutes les vilaines vieilles croutes des Van-Dick, Desportes, Teniers, Guerchin, Guido-Reni, etc., avaient été placées dans de beaux petites coins bien obscurs, pour laisser place à de superbes grands tableaux modernes bien éclatans [sic] de jeune, de rouge et de bleu. Cette disposition est, en effet parfaitement entendue ; car vous comprenez très-bien qu’il serait souverainement absurde de donner aux élèves de vilains vieux modèles, quand on peut leur en donner de tout neufs.

-Voici, me dit M. Cardinal, une Descente de Croix de Lebrun.

-Voyons, fis-je avec empressement. Mon brave, vous aurez beau dire, mais Lebrun n’est pas du tout éclairé…

-Pourtant… ces fenêtres…

-Bah ! j’aime beaucoup le clair de l’une ; mais je condamne absolument le clair de l’autre. Bref, je prends le droit de m’y connaître, et je vous déclare qu’il m’est impossible d’approuver un pareil système de lumières.

Et je sortis quelques instans [sic] après, fort désappointé d’avoir pataugé si long-temps [sic] à la découverte d’une semblable bicoque.

Voici un superbe discours que mon désappointement faisait, en m’en allant, à MM. les municipaux : « Messieurs, vous êtes des hommes de progrès, vous avez horreur des ténèbres, et la preuve, c’est que vous vous êtes tous empressés de vous abonner au Foyer ; vous êtes remplis de bonnes volontés artistiques, et la preuve, c’est que vous faites des ponts d’embellissemens [sic] et des projets qui tombent dans l’eau ; mais cela ne suffit pas. Moi, je vous déclare qu’il n’y a pas de pont qui tienne, et qu’il nous faut absolument un autre musée, un beau Musée que la ville puisse avouer et comparer avec orgueil et avantage à celui des villes ses rivales. Entendez-vous ? entendez-vous ? j’en veux un autre Musée, moi, na ! Pardon, si je vous en fais la demande avec trop de chaleur ;… mais non, j’mais, sur cette question, le Foyer ne pourra discourir avec trop de feu. De grâce, Messieurs, ayez compassion d’Apollon qui se morfond, de Vénus qui grelotte, de toutes ces pauvres bosses qui font hausser les épaules de pitié, enfin de tous les marbres de Lanno que vous tenez enchainés dans un caveau humide ! Voulez-vous que je vous prenne par votre faible ? Eh bien ! prenez en considération les croûtes qui moisissent. Comprenez-vous, Messieurs : les croûtes de vos plus grands barbouilleurs se détériorent. Oh !

« Quand secourez-vous la poussière

« qui ternit ces nobles couleurs !

« A ces causes, donnez, donnez-leur un local plus vaste et plus décent, afin que l’on dise dans la suite : « Rennes a des tableaux qui ne sont pas piqués des vers » Faites cela, Messieurs, et le Foyer vous votera toute sorte de bénédictions. Donnez, donnez-nous un Musée (bis), sinon… nous seront obligés de conclure que vous n’êtes pas des hommes donneurs… »

Mon désappointement en était là de son superbe discours, quand un ami me frappa sur l’épaule, et me dit :

-Veux-tu venir au café Swars ?

-Bonne idée ! répondis-je ; allons au café Swarz.

Arrivé au café, j’ai voulu soutenir qu’il existait un Musée à Rennes, et l’on m’a dit que j’étais un menteur ou un imbécile.

Je vous demande un peu si ce n’est pas humiliant. P. »

L’article du Foyer est un petit pamphlet pour sauver les collections de tableaux. Stendhal est en phase avec les critiques de ce journal. Ses propos recoupent également ceux de Mérimée à qui il reprend l’idée qu’il y a en général peu de goût à Rennes pour les arts, ainsi que l’anecdote parlant des colliers et bracelets d’or de fabrique gauloise qui n’avaient pas été intégrés aux collections du musée rennais.

STENDHAL « Il faut que l’on ait en ce pays-ci bien peu de goût pour les arts : un musée aussi pauvrement tenu fait honte à une ville aussi riche. Il y a quelques années qu’un paysan des environs découvrit un grand nombre de colliers et de bracelets d’or de fabrique gauloise ; il prétendait les vendre à Rennes, mais il ne trouva pas de curieux qui voulût acheter la beauté de son trésor, et il fut réduit à le porter à un orfèvre qui se hâta de le fondre. Ceci rappelle un peu la ville de Beaune et le préfet d’Avignon. Peut-être à grand renfort de circulaires, le gouvernement parviendra-t-il à faire un peu rougir les provinciaux de leur profonde barbarie. »

MÉRIMÉE « On devait réunir à la bibliothèque une collection de médailles et quelques antiques, légués à la ville par le président de Robien. Maintenant ces objets sont confondus pêlemêle dans les greniers de l’hôtel-de-ville avec une quantité de curiosités sans valeur, coquilles, insectes, échantillons minéralogiques. Parmi les médailles, j’en ai remarqué quelques-unes en argent, d’un grand module et à fleur de coin, de plusieurs des successeurs d’Alexandre, admirables par leur travail et leur conservation. Peut-être vaudrait-il mieux pour la ville les échanger pour des livres, avec la Bibliothèque royale de Paris. Elles y seraient du moins mieux appréciées.1

1.On a généralement peu de goût à Rennes pour les objets d’arts et les antiquités. Il y a quelques années, on y apporta un grand nombre de colliers et de bracelets d’or de fabrique gauloise, découverts dans le département des Côtes-du-Nord. Ils ne trouvèrent pas d’acquéreurs et furent fondus à la fin par un orfèvre. Les dessins qu’on m’en a montrés indiquent le travail le plus grossier. Colliers et bracelets avaient une forme elliptique et s’ouvraient dans le sens du petit axe de l’ellipse. On remarquait un renflement du côté opposé à l’ouverture ; d’ailleurs tout le travail d’ornementation se réduisait à quelques traits croisés en losange, assez peu réguliers. Le métal était sensiblement moins pur que celui des bijoux romains. »

Ce passage du texte de Mérimée a été particulièrement critiqué dans la presse locale. La « Revue bibliographique » de L’Auxiliaire Breton du 23 novembre 1836, explique que : « Cette grave accusation portée contre notre ville par M. Mérimée, inspecteur-général des monumens [sic] historiques de France, n’est peut-être pas, pour me servir de la forme dubitative affectionnée par l’auteur, méritée en tous points par note cité rennaise. D’abord, si nous sommes bien informés, ces colliers et bracelets d’or qu’il regrette avec raison, n’ont disparu dans le creuset que sur le refus des Parisiens d’en devenir acquéreurs, et par l’impossibilité où étaient les véritables connaisseurs rennais de les sauver de la destruction. Le goût des antiquités ne nait pas toujours au sein de la richesse. Quant au conseil généreux qu’il nous donne de nous défaire de nos précieuses médailles en échange de quelques livres de la bibliothèque royale, où elles seraient mieux appréciées, nous avons peine à croire que M. l’inspecteur général ait voulu adresser autre chose qu’une piquante réclamation à notre conseil municipal, qui n’a qu’une bonne réponse à faire en plaçant les médailles en question dans le médaillier déjà commencé à notre bibliothèque. »

Petite histoire du musée des tableaux

Rennes église Toussaints et collège, Lorette Hyacinthe (1794 – 1872) (Dessinateur), Landais Joseph (Lithographe), lithographie tirée de l’ouvrage LORETTE (Hyacinthe) et DU CREST DE VILLENEUVE (Émile-René), Album breton – 1ere série – souvenirs de Rennes, Rennes, Ambroise Jausion, 1841, 40 p. — Collections du musée de Bretagne, numéro d’inventaire : 2010.0000.10, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo121310

Pour ce qui est du musée de tableaux, ni Stendhal, ni Le Foyer ne s’avèrent être les premiers à révéler la situation désastreuse dans laquelle les œuvres sont exposées et conservées. L’artiste Eugène Devéria (1805-1865) avait déjà tiré la sonnette d’alarme en 1833 dans la Revue de Bretagne. Cela faisait déjà près de quatorze ans que les toiles étaient installées dans la chapelle de l’ancienne école de Droit (ancien collège royal), au nord-est de l’église Toussaints.

Devéria (E.), « Le Musée de Rennes », Revue de Bretagne, volumes 1 à 3, 1833, p. 181-183.

« Lorsqu’un étranger quelque peu curieux arrive à Rennes, cette ancienne capitale de Bretagne, il s’informe, – comme on fait toujours en pareil cas, – des curiosités qu’elle renferme. Il trouve facilement quelque cicérone bienveillant pour lui montrer toutes les richesses de sa ville natale ; et ce serait avoir du malheur que de ne pas rencontrer un jeune homme instruit dont la complaisance hospitalière se chargeât de ce rôle.

D’abord on le mène au Palais. S’il vient de Paris, comme moi, il dit : – Versailles ; et, s’il est artiste, il regarde quelques peintures de Jouvenet, – et passe.

Puis la place de l’Hôtel-de-Ville, en face de la salle de spectacle qu’on bâtit ; puis le Mail, le Thabor sur la hauteur ; enfin la halle aux toiles, où est l’Académie, sous la tutelle de la ville : – cette Académie est organisée sur un très-bon pied.

Vous avez vu aussi de monstrueuses églises dans lesquelles il n’y a rien, si ce n’est quelques rares tableaux noyés dans le vide ; et comme, dans la conversation, vous avez entendu tomber le mot Musée, vous dites : – « Et le Musée ? » – car enfin pour vous, artiste, c’est la chose importante.

Or, Rennes ne montre son Musée qu’à la dernière extrémité, comme une vieille coquette, qui dérobe des charmes qu’elle ne croit pas à son avantage. Mais enfin on se décide, et vous arrivez, par de sales rues, sur une sale place, où il y a une sale église à côté d’un sale collège.

Suivant votre guide, vous franchissez une grille de voie que vous jette dans une cour pleine d’immondices. Vous voyez un tombeau ; de chaque côté d’une porte, un bas-relief en bronze (Louis XIV). Alors, en dépit des murs noirs et mal crépis, vous vous dites qu’à ces enseignes, ça pourrait bien être le musée.

Vous êtes en effet au Musée. Avant d’entrer, vous espérez encore : comme la reliure ne fait pas le livre, l’habit le moine, la baraque ne fait pas le Musée.

Vous entrez.

Votre cicérone se tait, baissant la tête devant la lèpre de sa ville natale, et le concierge Cardinal vous sert de livret explicatif. Son savoir ne s’étend pas loin : sauf quelques grandes toiles, il n’y voit que du feu. – Voici le nom de ces grandes toiles :

Sapho (Guil), Campaspe (Ménier) [sic], Tanguy [sic] (Couder), Olivier (Bonnier) ; et puis Descentes de croix, Christs, Madelaines [sic], etc. etc. Mais heureusement que vous, artiste, vous ne vous en tenez pas au livret vivant. Vous cherchez, et quand vous sortez, vous pouvez mettre sur vos tablettes (c’est l’expression ordinaire) : RENNES – MUSÉE :

P. Véronèse (Andromède) ;

Jacques Jordaëns (Christ en croix) ;

Jean Cousin (Repas chez le Pharisien) ;

Crayer (Résurrection de Lazare, Elévation de la Croix) ;

Lebrun (Descente de Croix) ;

Philippe de Champagne (Madelaine, -Gaston de Foix) ;

Van-Dyck, ou Leslie (Portrait d’Homme avec un Enfant) ;

René, roi de Sicile (Allégorie sur la Mort) ;

Guerchin (Christ mort) ;

Guido-Reni (Abel et Caïn) ;

Annibal Carrache [Francesco Camullo] (Martyre de saint Pierre et de saint Paul) ;

Desportes (Chasse au Loup) ;

Corrège (dessins) ;

Teniers (dessins, tableaux) ;

Et, ces noms inscrits, vous emportez un souvenir heureux, mais bien mêlé d’amertume.

Figurez-vous une cave avec quatre ou cinq soupiraux, où, sur des murs humides, pendent en désordre une longue série de tableaux ; (Dieu sait ce qu’ils deviendront) !

Là, comme au Louvre, les bonnes choses sont en haut, et les médiocres en bas, sauf quelques paysages, animaux, petites figures, esquisses de batailles de Louis XIV, de Vander Meulen, tableaux cachés encore par les grandes toiles modernes dont j’ai parlé. La plupart traînent à terre, accottés sur les piédestaux des Laocoon, Vénus, Apollon, et sur ceux des statues de Lanno. Enfant de la ville, Lanno est un jeune sculpteur qui lui a fait cadeau de ses œuvres pour la remercier des secours dont elle l’a aidé dans ses études à Paris.

Puis au bout de cette Halle, où se trouvent pêle-mêle tant de bonnes choses et tant de médiocres, comme on en voit même au Musée de Paris, est un petit cabinet, où sont les dessins, – puis deux tortues, quelques gravures ; voilà le Musée de Rennes !… Et moi, qui vous parle, je suis sorti de là le cœur navré, me demandant si ce désordre sera éternel, et pensant, à part moi, ce que je dirais, si la ville réclamait mon avis. »

Il faut rappeler que la grande majorité des toiles du musée de tableaux ont, entre 1793 et 1819 connu bien des tribulations. Elles sont pour la plupart issues des saisies des biens nationaux faites en vertu du décret du 2 novembre 1789. La loi du 2 septembre 1792 permettant la vente des biens des émigrés tout en réservant ceux qui pouvaient servir à l’instruction publique, le district de Rennes pris la décision en juin 1793 de réunir les œuvres dans un dépôt pour les trier et les estimer. Ce premier site semble avoir été la chapelle du couvent de la Visitation, aujourd’hui détruite. Au début de l’année 1794, les œuvres ont sans doute été déménagées avec les livres saisis au couvent des Carmélites, actuelle Faculté des Sciences Économiques car le couvent de la Visitation avait été transformé en hôpital[13]. À la fin de la même année, objets d’art, peintures, sculptures et gravures sont rassemblés au premier étage de l’évêché, à côté de l’église Saint-Melaine, pour former un muséum[14]. La vétusté des locaux empêchait l’accrochage et la plupart des toiles étaient, au début du 19e siècle, entassées dans un grenier de l’hôpital général situé derrière l’évêché[15]. Le conseil municipal décide le 31 mai 1814 de déplacer que « les tableaux, les objets d’histoire naturelle et les autres appartenant à la ville et logés dans les batimens [sic] de l’Evêché soient placés dans les appartemens [sic] occupés actuellement par le tribunal de première instance »[16], c’est-à-dire dans les salles basses du Présidial dans l’aile nord de l’actuel Hôtel-de-Ville. Cette situation n’était que transitoire, les collections devant en février 1817 être installées « rue Saint-Germain près le collège royal »[17]. Mais ces locaux ayant besoin d’être réhabilités, les tableaux et les gravures n’ont été déménagés qu’en 1819 dans la chapelle de l’ancienne école de droit.

Si le ministre de l’intérieur Camille de Montalivet (1801-1880) demande dans une lettre en date du 28 août 1837 au Préfet d’Ille-et-Vilaine à ce que le Maire de Rennes prenne des mesures « pour arrêter la dégradation tous les jours croissante des Tableaux et dessins du musée »[18], il faut encore attendre deux années avant que l’architecte Millardet propose d’établir le musée de tableaux dans l’Hôtel-de-Ville « au premier étage, où est […] le tribunal de première instance »[19]. Le projet n’aboutit pas[20], mais en 1841, au milieu du débat à propos du projet de construction du Palais Universitaire sur la rive gauche de la Vilaine près des quais, le conseil municipal émet l’idée de regrouper « le musée des tableaux et les autres collections scientifiques […] dans le même édifice, non seulement parce que cette réunion a été demandée par M. le ministre de l’instruction publique et par le conseil royal, dans l’intérêt de l’enseignement supérieur, à raison des immenses avantages qui doivent en résulter, mais parce qu’elle sera éminemment utile à la ville de Rennes »[21]. La même année, quelques tableaux sont restaurés[22]. Au cours des années 1840, soixante-dix-neuf œuvres font finalement l’objet de restaurations[23]. Sur le plan de la ville dressé en 1847, la légende précise que le musée de tableaux est toujours dans la chapelle du Collège Royal mais qu’il s’agit d’un « local provisoire ouvert le jeudi de 11 à 3 heures. Partie des tableaux sont placés dans les bureaux de la Mairie »[24]. Une deuxième phase de restauration des œuvres est entreprise entre 1852 et 1854[25]. Il faut attendre août 1855 pour que le musée soit déménagé dans les tous nouveaux locaux du Palais Universitaire, actuel musée des Beaux-Arts. Des pièces annexes de la chapelle de l’école de droit transformée en gymnase continuent durant la seconde moitié du 19e siècle à être utilisées comme dépendance du musée[26].

Rennes église de Toussaints, 1879 – Collections du musée de Bretagne, numéro d’inventaire : 920.0042.1, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo116388


[1] FERRI DE SAINT-CONSTANT (Jean-Louis), Londres et les Anglais, Paris, chez Fain Jeune imprimeur, Colnet, Demongie et Debray libraires, An XII/1803, vol. 2, p. 335.

[2] Le tourisme, devient un mot officiel en France quand il fait son entrée dans le « Littré » en 1872 et le Larousse en 1875. Le Dictionnaire de l’Académie en 1878 définit le « touriste » comme étant : « celui ou celle qui voyage en amateur ».

[3] Il est vrai que les deux premiers volumes de l’ouvrage auraient dû être suivis par au moins deux autres.

[4] Stendhal, Mémoires d’un touriste, Paris, Michel Lévy Frères, Libraires-éditeurs, [1838] 1854, volume 1, p. 76.

[5] Stendhal, Mémoires d’un touriste, Paris, Michel Lévy Frères, Libraires-éditeurs, [1838] 1854, volume 2, p. 99.

[6] MÉLONIO (Françoise), Naissance et affirmation d’une culture nationale. La France de 1815 à 1880, Paris, Seuil, 1998, p.

[7] Joanne (Paul), Bretagne, Collection des Guides-Joanne/Guides-Diamant, Paris, Hachette, 1892, p.28.

[8] MARTINO (Pierre), Stendhal 1783-1843, Paris, Société française d’imprimerie et de librairie, 1914, p. 159.

[9] Le 5 juillet 1802, Beule à Mounier, « J’ai été charmé de la description de la ville de Rennes. Je vous vois déjà dans une délicieuse petite chambre donnant sur les Thabors, rêvant à la jolie fille du Maine et aux charmantes sœurs qui, Parisiennes et militaires, emporteront, votre cœur d’assaut. » Le 18 mars 1803, Beyle à Mounier, « Donnez moi des détails sur le carnaval de Rennes ». Le 26 juin 1804, Beyle à Mounier, « Donnez-moi quelques détails sur votre Rennes »

[10] L’Auxiliaire Breton, 1er mai 1837.

[11] L’Auxiliaire Breton, 1er septembre 1837.

[12] L’Auxiliaire Breton, 5 septembre 1837.

[13] Bibliothèque des Champs Libres, Journal manuscrit du bibliothécaire Félix Mainguy (1747-1818) : Journal des travaux bibliographiques commencés par les citoyens Mainguy et Le Sage (commissaires bibliographes nommés par l’administration du district de Rennes) le 1er germinal an II de la République une et indivisible (en vertu du décret du 8 pluviôse an II ; et terminés au commencement de brumaire an IV), MS0560, folio 2 recto, permalien : ttps://www.tablettes-rennaises.fr/app/photopro.sk/rennes/detail?docid=109199

[14] Ibid, folio 10 recto.

[15] Archives de Rennes : 1D26 délibération du 13 mai 1809.

[16] Archives de Rennes : 1D31 délibération du 31 mai 1814.

[17] Archives de Rennes, bibliothèque R0-46 Etrennes royales de Rennes et du département d’Ille-et-Vilaine pour l’an 1817, Rennes, Imprimerie de Mme Vve Frout, 1816.

[18] Archives de Rennes : 5R20 Lettre du ministre de l’intérieur au Préfet d’Ille-et-Vilaine, 28 août 1837.

[19] L’Auxiliaire Breton, 7 août 1839

[20] L’Auxiliaire Breton, 26 août 1839, 13 septembre 1839.

[21] L’Auxiliaire Breton, 3 mars 1841.

[22] L’Auxiliaire Breton, 29 novembre 1841.

[23] Archives de Rennes : 5R20.

[24] Musée de Bretagne, Plan de la ville de Rennes, E. Klein graveur, 1847, numéro d’inventaire 2018.0000.1405, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo313773

[25] Archives de Rennes : 5R20.

[26] Musée de Bretagne, Rennes église de Toussaints, plan par l’architecte Jean-Baptiste Martenot (1828-1906), numéro d’inventaire 920.0042.1, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo116388

Cet article avait été publié le 11 mars 2023 sur le site Images, représentations et patrimoine de Rennes https://patrimoine2rennes.monsite-orange.fr/page-640b3f800ffdc.html

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